Bonjour, Je me présente. Carl Veilleux, ancien campeur et animateur du Centre Écologique de Port-Au- Saumon, aujourd’hui président du Conseil d’administration et ami du père Genest. En guise d’hommage et d’au revoir au Père Genest, je vais vous faire la lecture d’un mot que j’ai écrit pour lui et que j’ai eu la chance de lui lire il y a quelques semaines alors que quelques amis du Centre Écologique s’étaient réunis pour célébrer avec lui son 100 e anniversaire.
Alors voici : « Père Genest, Quand je me suis assis pour réfléchir à ce que j’allais vous dire au moment de souligner votre centenaire, j’ai tout de suite su que l’exercice allait être difficile. Difficile non pas par manque de
choses à dire mais difficile parce que j’ai un immense respect et un grand amour pour l’homme hors norme que vous êtes et que j’aspire à vous livrer un mot à la hauteur de la personne extraordinaire que j’ai eu l’immense privilège de côtoyer pendant plus de 35 ans.
Vous savez, au fil d’une vie, on a la chance de rencontrer des gens qui nous inspirent. Certains nous marquent par leur sagesse, d’autres par leur passion et plus rarement certains se démarquent par les valeurs qu’ils incarnent et l’incroyable beauté de leur personne. Père Genest, vous faites pour moi partie de ces rencontres extraordinaires pour l’ensemble des éléments précédemment mentionnés.
J’aimerais vous partager quelques bons souvenirs, à débuter par ma première rencontre avec vous. J’avais alors 13 ans et je vivais mon premier séjour au camp. Je vous ai rencontré très tôt le matin derrière un filet japonais alors que vous expliquiez en parlant à voix très basse (pour ne pas créer un trop grand stress aux oiseaux que vous nous aviez dit) comment délicatement installer une bague sur la minuscule patte d’une paruline. Je me rappelle encore que la pauvre bête, nerveuse de son expérience avait fait ses besoins dans vos mains et que vous aviez poursuivi votre minutieuse opération sans éprouver le moindre dédain et sans interrompre vos explications. Je venais de rencontrer, le Père Genest, grand passionné des oiseaux.
Quelques années plus tard, alors que je travaillais pour le camp, nous avions participé à un reportage télé traitant des activités du Centre Écologique. Nous étions fiers d’avoir présenté le CEPAS en ayant mis de l’avant l’écologie, l’enseignement des sciences et le développement durable. Après avoir vu le reportage, vous étiez venu nous voir pour nous féliciter et nous dire que nous étions de bon ambassadeurs mais que selon lui nous avions oublié un élément essentiel : l’émerveillement des jeunes. Selon vous, l’enseignement des sciences et tout le reste n’avait vraiment de sens que s’il se nourrissait de l’émerveillement des enfants devant une nature source intarissable de découverte et d’étonnement. Vous aviez indiscutablement raison et je venais de découvrir Père Genest le grand pédagogue.
Quelques décennies plus tard, alors que je préside le Conseil. Je vous téléphone pour vous tenir informé des différents dossiers en lien avec le Centre Écologique. Je vous informe alors d’un certain partenariat avec un autre organisme. Vous m’avez alors exprimé une opinion forte et contraire à la décision que le Conseil s’apprêtait à prendre. S’en ai alors suivi un échange musclé qui à son terme nous laisse tous les deux plutôt fâchés. C’est à mon souvenir ma seule et véritable dispute avec vous. Deux jours plus tard, vous m’avez téléphoné pour me dire que vous aviez fait des recherches et poursuivi votre réflexion. Vous m’avez alors dit que vous admettiez vous être trompé dans votre prise de position initiale et que vous vous excusiez. Ce jour-là Père Genest m’avez enseigné une leçon importante que je me remémore souvent. Il nous arrive tous de nous tromper et que l’admettre humblement est un acte d’une sagesse encore plus grand que d’avoir raison. Je venais de découvrir Père Genest l’homme sage rempli d’humilité.
Ma dernière histoire se déroule un peu avant la pandémie. Vous vous remettiez d’une année difficile où une pneumonie vous avait beaucoup affaibli. Votre état de santé fragile ne vous avait pas beaucoup permis de sortir de votre résidence que vous habitiez à Rigaud. Pendant le souper, nous avons proposé de vous sortir pour une balade. Enchanté par l’idée, vous nous avez proposé d’aller voir le célèbre champ de patates transformé en roches de Rigaud qui avait fait l’objet de nos discussions pendant le souper. Comme vous aviez de la difficulté à marcher nous nous y sommes rendus en voiture. Une fois sur place, une grosse chaîne et une enseigne « accès interdit » nous bloque l’accès. Désolé, je vous suggère que l’on fasse demi-tour. Vous m’avez alors dit : « Tu as un camion, tu as juste à faire le tour, je suis certain que ça passe ». Le terrain était plutôt accidenté et étonné je vous ai dit que je ne pouvais pas rouler en dehors de la route sans abîmer le terrain. Vous m’avez alors dit, « Nous sommes ici sur le terrain de Clercs de St- Viateurs alors je suis un petit peu chez nous. Vas-y ça passe ! ». On s’est donc aventuré hors- piste en laissant de gros sillons dans la pelouse. Notre aventure a cependant été de courte durée car nous avons vite été repéré par la sécurité qui est accouru à notre rencontre. Heureusement, vous étiez un visage connu du garde qui nous a poliment orienté vers un autre chemin pour le retour en nous priant de bien vouloir demeurer sur la voie. Je venais de découvrir Père Genest le
délinquant.
Père Genest le jour où je vous ai rencontré j’étais loin de soupçonner l’immense influence que vous auriez sur moi. Au cœur de Charlevoix, vous avez imaginé, fondé puis plus impressionnant encore façonné par vos valeurs, un endroit aussi magique que majestueux où chaque année des centaines d’enfants vont vivre l’émerveillement. Père Genest, vous avez accompli le grandiose et nous vous remercions.
Pour votre anniversaire, je vous souhaite de réaliser la pleine portée de ce que vous avez accompli et votre impact immense sur toute une génération.
Merci Père Genest et joyeux 100 e anniversaire. »Je rajoute aujourd’hui : Merci Père Genest, ce fut un privilège de vous avoir comme guide et comme ami.
– Carl